Ce post de blog pour exprimer mon sentiment de manière plus posée et réfléchie sur ce qui a pu se passer sur Mastodon et l’affaire « witches.town ». Vous en penserez ce que vous voudrez, et si vous voulez me considérer comme la pire raclure de l’Univers suite à ça, c’est votre droit, et je pense qu’on n’aurait du coup rien en commun à partager, donc autant s’éviter.
De l’affaire Mastodon
Tout a commencé quand un utilisateur de l’instance witches.town, une instance se réclamant « bienveillante, safe et inclusive », est venu me voir parce qu’il ne recevait plus mes notifications alors qu’il était pourtant abonné à mon profil au départ.
Après avoir éliminé les causes techniques, on en est arrivé à la conclusion que mon compte était tout simplement complètement bloqué au niveau de l’instance par un des administrateurs. Plus personne là-bas n’était en mesure de recevoir mon contenu et pourtant le ban n’était a priori pas connu, tout du moins pas par tout le monde.
J’ai donc demandé à ce que ce ban soit documenté, afin qu’un nouvel arrivant sur Mastodon puisse choisir son instance de manière éclairée et ne puisse pas regretter par la suite d’avoir choisi une instance qui ne lui corresponde pas.
Cela correspond en particulier à la position que je porte depuis les premiers jours de Mastodon : les administrateurs d’instances ont de grands pouvoirs, donc de grandes responsabilités, ils peuvent y faire ce qu’ils veulent, mais ils ne doivent pas prendre en traître les utilisateurs et donc avoir des politiques de modération ou de censure très claires, publiques, correctement appliquées, de manière impartiale, etc.
J’ai donc contesté non pas le ban lui-même (l’administratrice fait ce qu’elle veut sur son instance), mais la manière de gérer le ban (les administrateur·ices devraient, pour moi, avoir des comptes à rendre au fediverse).
L’administratrice a alors tenu des propos diffamants à mon encontre, m’accusant d’incitation au viol et à la séquestration et d’anti-féminisme, ce qui je le rappelle sont des propos diffamatoires, donc pénalement répréhensibles, alors qu’elle est incapable de fournir le moindre pouet d’origine justifiant de ces faits ou du blocage, ne fournissant que de vagues souvenirs ou autres téléphones arabes. Un simple motif neutre, du style « publie du porn sans CW sur le flux public, en désaccord des règles de cette instance » aurait été suffisant et plus que bienvenu à la place de cette floppée d’injures.
Pire, les seuls threads qui ont été soumis correspondent à une conversation entre adultes consentants avec effectivement du contenu porn ou BDSM, mais correctement labellisé NSFW comme il est de bon ton de le faire sur Mastodon. Thread dont je ne suis même pas l’initiateur mais où j’ai seulement répondu dans le fil. Le seul tord serait donc d’avoir atterri dans le flux public…
Et personne d’autre de ce thread n’a été banni sur witches.town, tout comme de nombreux autres threads du même genre qui fleurissent régulièrement sur le flux public. Il s’agit donc purement et simplement d’un blocage à la tête du client, sur des motifs fallacieux, et uniquement parce que l’administratrice de l’instance m’en veut personnellement, en violation parfaite des règles même de l’instance. Et ce jusqu’à preuve du contraire.
Si un message bien précis avait pu m’être fourni, j’aurais bien entendu cherché à comprendre le malentendu blessant, à l’éviter à l’avenir, et me serait empressé de m’excuser auprès des personnes que j’aurais blessées.
À la limite, ça aurait pu en rester là. Mais non.
Étant dorénavant classé « pire raclûre de l’univers » un peu partout sur le fediverse, forcément, j’ai eu le droit aux tombereaux de shitstorm habituels à me tomber sur le coin du crâne. Bizarrement les mêmes que si vous remplacez « forum 18-25 » par « instances bienveillantes & safes » et « féministes » par « gens hors des communautés pré-citées ». Mastodon est présentement en train de recréer exactement les mêmes conditions malsaines qu’on a pu décrier sur Twitter, simplement en translatant le problème d’un cran (les non-bienveillants Twitter ne sont plus là, remplacés par les revendiqués « bienveillants », eux-mêmes remplacés par ceux en dehors de ces communautés).
Et forcément dans des conditions comme ça, chacun campe sur ses positions et même si 500 caractères sont mieux que 140, la brièveté des messages n’aide pas à faire passer un message intelligible et les prises de raccourcis sont toujours fatales dans ces moments-là.
Sauf que voilà, j’ai une grande gueule. Et c’est un défaut que j’assume, celui-là, même si j’aimerais bien le corriger…
Ça s’est quand même terminé par recevoir des menaces de me dégommer les genoux à coup de 9mm de la part d’administrateur d’instance « safe & bienveillante »…
Des communautés « safe & bienveillante » ni safes ni bienveillantes
Je vais du coup profiter de ce post pour aborder un sujet qui me tient à cœur depuis pas mal de temps, les communautés « safe ». Histoire d’éclairer un peu les gens sur ce qu’il peut bien s’y passer, malgré la devanture « bienveillante » affichée.
Cette communauté « bienveillante » donc, qui te fout plus bas que terre dès que tu t’opposes à elle au motif que tu n’es pas « bienveillant », a aussi la mémoire très courte.
La pire râclure de l’univers, incitant au viol et à la séquestration et anti-féministe harcelant la communauté queer, c’est la seule personne qui a pris sa bagnole à 23h pour traverser toute l’Île-de-France en urgence et passé un bon paquet d’heures à déménager une trans qui venait de se faire foutre à la porte de chez elle. Personne que je ne connaissais ni d’Ève ni d’Adam mais dont j’ai juste vu le message d’appel à l’aide sur Twitter. Et qui avait été lâchée par tout le reste de sa communauté « safe & bienveillante ».
La même trans qui quelques semaines plus tard, me fera juste un gros remerciement sur Twitter en me traitant de « sale propriétaire exploitant les pauvres locataires » quand j’ai osé mentionner que je venais d’acheter un appart. Et qui m’a bloqué dans la foulée.
La même trans qui me conchie encore aujourd’hui dessus sur l’instance witches.town. Et qui s’est bien gardé d’expliquer à cette communauté ce que j’avais pu faire pour elle.
La pire râclure de l’univers, qui accompagne une personne de la communauté LGBTQIIAP+ agoraphobe à aller s’approvisionner dans des sex shops parce qu’elle ne peut pas y aller seule, et qui passe ensuite l’après-midi avec elle histoire de lui changer un peu les idées. Mais qui se fait traîter d’harceleur de la communauté queer en retour.
La pire râclure de l’univers, qui ne compte plus non plus les heures à discuter avec des gens qui ne demandaient que du soutien et de l’aide.
Donc a priori, aider sa·on prochain·e sans se poser une seule question, ce n’est ni safe ni bienveillant, par contre cracher à la gueule de la seule personne qui réponde présent jour et nuit y compris pour un·e parfait·e inconnu·e à 100km de chez lui, ça c’est très safe et très bienveillant, et même encouragé par la communauté safe et bienveillante.
Sauf que oui, ce que je fais pour aider les autres, ça n’est pas visible sur mon front. Je ne l’étale pas sur la place publique et bien peu de personnes sont au courant de tout ça. Et donc on préfère considérer les gens comme la pire des enflures par défaut, plutôt que d’envisager qu’en fait, ils ont peut-être fait bien plus que vous.
J’ai en plus le bon goût d’avoir une histoire personnelle plus que très compliquée.
Même en raccourci, j’en aurais pour un bouquin entier à vous raconter tout ce qui m’est arrivé depuis 33 ans.
Et c’est plus que possible que vous en pensiez que je suis complètement taré et que j’affabule tellement c’est pas possible qu’une seule personne puisse avoir traversé tout ça.
Pour juste vous donner un petit aperçu. Je suis né avec une malformation congénitale, qui m’a valu de connaître le harcèlement scolaire (moral et physique, sinon ce n’est pas drôle) pendant plus de 15 ans, les balades hospitalières à répétition, les joies du handicap, du fauteuil roulant, des opérations chirurgicales très lourdes, des mois de ré-éducation. J’ai été bouffé par un berger allemand qui fait que j’ai encore aujourd’hui une peur panique des chiens. Mon père a failli perdre la vue, et à peine remis, se prend un cancer de la peau fulgurant avec une espérance de vie qui se compte en jour. Mais survit à tout ça, histoire de bien pouvoir profiter de son licenciement avec 3 gamins et une femme sans emploi. Et puis de découvrir que mon frère est en fait bipolaire et schyzophrène, ça change un peu des maladies physiques. Ma mère passe encore actuellement des mois en hospitalisation pour sauver ses 2 bras d’une maladie professionnelle. Et puis on va finir en beauté avec l’assassinat de mon frère en pleine rue de 13 coups de couteaux. Parce que sinon c’est pas marrant. Et du coup ma mère fait des crises de fibromyalgie atroces à cause de tout ça.
Et là ce n’est qu’un très petit aperçu hein…
Tout ça pour dire que le harcèlement, les traumatismes et autres, j’ai suffisamment donné pour ne le souhaiter à personne d’autre et que je suis bien la dernière personne sur Terre à vouloir du mal aux gens. Même au meurtrier de mon frère, j’ai pardonné, c’est dire…
Et comme pour les bonnes actions, tout ce passif n’est pas non plus tatoué sur mon front ni connu de beaucoup de monde. Et donc parce que je suis un cadre supérieur sans problème apparent, c’est que j’ai du avoir une histoire bien facile et plane pour en arriver jusque là.
Mais en fait, tout ça, les communautés « safe & bienveillantes », elles s’en tamponnent le coquillon. Parce qu’elles oublient de dire un truc : elles ne sont « safe & bienveillantes » qu’envers leurs propres causes. Tu es LGBTQIIAP+ ? On va être bien safe avec toi. Tu ne l’es pas ? Va creuver sale pourriture de capitaliste communiste ! J’vais même t’aider avec un gros coup de grôle dans ta face tient. Pour mériter leur protection, il faut te faire tatouer ta gender unicorn sur le front, passer un entretien d’entrée, voir l’ensemble de ta vie exposée à des gens qui vont unilatéralement décider si tu mérites ou non cette protection. Bref des gens pas bienveillants du tout quoi.
En prime, guess what ? Ben ma gender unicorn à moi, elle n’est pas « normale ». Vraiment pas. J’ai même bien du mal à la définir moi-même tellement elle est bordélique. Sauf que ce n’est pas écris sur mon front justement. Ni connu par la majorité du grand public. Je suis même sur des trucs qui seraient plus dans le « + » que dans « LGBTQIIAP ».
Et donc je me retrouve conchié à la fois par la communauté standard, qui me considère « anormal », et par la communauté « bienveillante » qui me considère comme « normal ».
On va te refuser l’entrée d’une safe-zone, parce que forcément, tu paraîs très HBVCH (homme-blanc-valide-cis-hétéro), donc tu n’as rien à y faire et que tu es forcément à l’abri avec les « autres » HBVCH.
On va bien te rappeler, sur un ton loin d’être bienveillant, qu’en tant que sale HBVCH, t’as intérêt à te tenir à carreau si tu viens dans un lieu alternatif, chose qu’on ne rappelera jamais à un LGBTQIIAP+ affiché.
Et puis c’est bien entendu interdit de se moquer des LGBTQIIAP+ sous peine d’exclusion, mais la vache, qu’est-ce que ça va tailler les HBVCH en permanence. Je ne sais pas, ce n’est pas parce qu’on n’est pas dans les mêmes groupes qu’on est obligé d’être ennemis et de se chier dessus en permanence ?
Et enfin, quand tu signales que la discussion est en train de partir vers un terrain glissant psychologiquement pour toi (du genre te rappeler la disparition de ton frangin), tout le monde va bien exploser de rire que « non mais ça va hein, tu vas pas te plaindre non plus, tu veux qu’on te parle de ce que c’est le trauma trans peut-être ? ».
Les communautés « safe » sont tellement pas safe qu’en 2016, une conférence sur le sujet aurait du être tenue à PSES, mais les conférencier·ères ont préféré se rétracter par peur des représailles de la part des-dites communautés. C’est vous dire un peu le niveau de bienveillance qu’on peut y trouver. Elles ne sont finalement qu’un ghetto communautariste ne tolérant aucune idée différente de celles imposées par la bien-pensée de plomb qui s’y trouve.
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